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place de la Bastille, Place de la Bastille, Paris, 75012, France
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Bastille
Place de la Bastille
75012, Paris
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Bastille
Place de la Bastille
75012, Paris
Coordinates | Latitude | Longitude |
Sexagesimal (°, ', ") | 48° 51′ 11″ N | 2° 22′ 09″ E |
Degré décimal (GPS) | 48.85313 | 2.36912 |
Full description
La prise de la Bastille est l'aboutissement de l'état que traverse la France suite à la période de crise économique majeure de 1783 à 1789.
L'état de la France et de ses habitants
À la fin de l'Ancien Régime, l'État était appauvri, et le Trésor vide. Les difficultés financières avaient été aggravées par la guerre d'Amérique. Les inégalités fiscales indignaient les non-privilégiés. Les paysans se plaignaient de récoltes, la mévente du blé et du vin.
En dépit de la crise, le contrôleur général des finances, Calonne, refusait de faire des économies et vivait d'emprunts.
Inquiet de l'ampleur du déficit, le ministre voulut cependant atténuer les abus. En août 1786, il proposa au roi un impôt nouveau, la subvention territoriale, pesant sur tous les propriétaires nobles ou roturiers, la suppression des douanes intérieures, la libre circulation des grains, la diminution de la taille et de la gabelle, ainsi que la création d'assemblées consultatives provinciales. L'assemblée de notables consultée - surtout des privilégiés - acceptèrent certaines réformes mais refusèrent d'examiner le projet d'impôt tant qu'ils ne connaîtraient pas l'importance du déficit. Le roi les renvoya (25 mai).
C'est probablement à ce moment que les germes de la Révolution ont été fécondés.
L'incompréhension par les dirigeants de l'évolution des événements en cours
Le nouveau ministre Loménie de Brienne, adopta les idées de son prédécesseur et présenta les projets au Parlement de Paris. Celui-ci demanda à son tour communication de l'état des finances et surtout déclara que seuls les états généraux pourraient consentir un impôt nouveau. Devant l'obstination des parlementaires, le roi les exila à Troyes, mais le mécontentement général le força à les rappeler (septembre 1787).
La crise financière s'aggravant toujours, Brienne voulut lancer un grand emprunt, que le roi fit enregistrer de force, malgré l'opposition du Parlement. Le garde des Sceaux, Lamoignon, voulut enlever aux parlementaires le droit d'enregistrer les édits qu'ils s'étaient octroyé. Le roi mit le Parlement en vacances (8 mai 1788). De graves émeutes éclatèrent alors à travers le pays. Mais, bientôt, la banqueroute menaçante contraignit Brienne, le 8 août 1788, à annoncer la convocation des états généraux pour le 1er mai 1789. Louis XVI et ses ministres misent sur la tenue des États Généraux pour apaiser les esprits (les derniers états généraux s'étaient tenus en 1614). Quelques jours plus tard, le ministre Brienne est remplacé par Necker (25 août).
La convocation des Etats Généraux pour le 1er mai 1789
1200 délégués se rencontrent à Versailles le 5 mai. Les Etats Généraux comportent 3 "ordres" : la noblesse, le clergé et le tiers-état (nous dirions aujourd'hui 3 "collèges d'électeurs"). Chacun à bien sûr des objectifs différents. Rapidement, les discussions ne répondent pas aux attentes du tiers-état (le peuple) et se solde par un échec en demi-teinte. Les députés s'autoproclament en Assemblée Nationale le 17 juin. Puis le 20 juin à l'initiative du Tiers Etat lors du serment du Jeu de Paume, l'assemblée se proclame Assemble Constituante pour rédiger une constitution et mettre un terme à la monarchie absolue. Elle exerce cette fonction à partir du 9 juillet. Elles est acceptée comme telle par le roi en octobre. En quelques jours l'engrenage des évènements s'est mis en marche ... et ne s'arrêtera plus
La France est mûre pour une rupture profonde avec le régime passé
La prise de la Bastille s'inscrit donc dans le mouvement de mobilisation populaire et politique qui agite progressivement les villes du royaume de France pendant l'été 1789. Elle accompagne la révolution politique initiée par les députés des états généraux toujours réunis à Versailles. Depuis le 20 juin (date du serment du Jeu de paume) ils cherchent à s'imposer au roi comme Assemblée nationale constituante. Bien sûr, Versailles est à seulement 15 km de Paris, et les "contacts" avec les représentants parisiens sont habituels.
L'agitation parisienne les jours avant la prise de la Bastille
L'agitation du peuple parisien est à son comble à la suite du renvoi en 1787de Jacques Necker financier et homme politique genevois, ministre des Finances. Rappelé par Louis XVI en août 1788 avec le titre de ministre d’État du fait du soutien indéfectible de l’opinion publique. Il est aussi le père de Madame de Staël, romancière, épistolière et philosophe genevoise et française.
Le 2ème renvoi de Necker du 11 juillet 1789 est annoncé le 12 juillet par le journaliste Camille Desmoulins.
Par ailleurs, la présence de troupes mercenaires (de la royauté) aux abords de Paris, inquiète le peuple de Paris. Il craint que les troupes étrangères massées autour de la capitale depuis juin ne finissent par être utilisées contre les états généraux ou pour servir un hypothétique massacre de la population des "patriotes". Les échos et la publicité des débats de l'Assemblée ont autant compté dans la mobilisation populaire que "la colère et des peurs cumulés dans les différentes strates de la population parisienne". Peur d'un « complot aristocratique », peur de la disette alimentée par les fantasmes d'un "pacte de famine " pour affamer la population. Au 14 juillet, le prix du pain atteint son maximum depuis le début du règne de Louis XIV. La question du blé est alors au cœur de l'insurrection. Les émeutiers confirme ces préoccupations. Ce sont des artisans, commis de boutiques pour les deux tiers alphabétisés.
L'insurrection couve partout dans Paris
Pendant près de dix jours, du 9 au 17 juillet, des incidents éclatent aux barrières (postes d'octroi) de Paris. Une quarantaine de bureaux incendiés sur les cinquante-quatre que compte le mur des Fermiers généraux. L'objectif de ces émeutes est clair : supprimer les droits d'entrée dans Paris pour libérer les échanges. Bien que décorrélée de la prise de la Bastille, la "prise des barrières", mêlant le peuple parisien avec "les brigands", témoigne déjà d'un contexte insurrectionnel. Mais on est loin encore de la destitution du roi et de son exécution sur la place de Grève (Place de la Concorde actuelle).
La défense de Paris et de la Bastille de 1789
La Bastille où le baron de Besenval avait fait entreposer la poudre de l'arsenal, était connue pour sa faiblesse stratégique. Son gouverneur de la Bastille était désavoué par ses supérieurs. Besenval lui-même affirme avoir cherché à lui donner un remplaçant au début du mois de juillet. En 1789, Besenval est le commandant militaire de l'Île-de-France, des provinces limitrophes et de la garnison de Paris. En mai , il rétablit fermement l'ordre au faubourg Saint-Antoine tout proche de la Bastille. Malgré ses instances, le gouvernement refuse de renforcer la garnison de Paris. Mais il commet une erreur de jugement. Le 12 juillet, ulcéré par la passivité du gouvernement, il décide de retirer les troupes de Paris. Ceci aura pour conséquence non prévue, de permettre à la population de piller les Invalides (pour dérober des armes) et de marcher sur la Bastille (pour récupérer la poudre et les balles).
La Bastille en 1789 est alors défendue par une garnison de 32 soldats suisses détachés du régiment de Salis-Samade et 82 vétérans invalides de guerre.
Le déroulé de la journée du 14 juillet 1789 aux alentours de la Bastille
La prise de la Bastille répond à deux nécessités pratiques. En effet, les insurgés qui se sont procuré des armes à l'hôtel des Invalides ont besoin de poudre et de munitions. Selon plusieurs sources (rumeurs), la prison de la Bastille en détiendrait. À ce besoin réel vient s'ajouter la nécessité de faire tomber un symbole de la répression monarchique que représente la Bastille.
Le matin du dimanche 12 juillet 1789, deux jours avant la prise de la Bastille, les Parisiens sont informés du renvoi de Necker. La nouvelle se répand dans Paris. À midi, au Palais-Royal, un avocat et journaliste alors peu connu, Camille Desmoulins, monte sur une chaise du café de Foy et harangue la foule des promeneurs et l’appelle "à prendre les armes contre le gouvernement du roi".
- Le 14 juillet, 10 h, les émeutiers s’emparent des fusils entreposés aux Invalides. Devant le refus de son gouverneur, une foule composite — près de 80 000 personnes dont un millier de combattants — se présente pour s’en emparer de force. Les soldats "invalides" qui défendent la place mais ceux-ci ne paraissent pas disposés à ouvrir le feu sur les Parisiens. À quelques centaines de mètres de là, plusieurs régiments de cavalerie d’infanterie et d’artillerie campent sur l’esplanade du Champ-de-Mars, sous le commandement de Pierre-Victor de Besenval. Il n'est pas sûr de ses soldats. Il décide d'abandonner sa position et de mettre ses troupes en route vers Saint-Cloud et Sèvres. La foule s’empare des 30 000 à 40 000 fusils à poudre noire qui y sont stockés ainsi que vingt pièces de bouches à feu et d’un mortier. Les Parisiens sont désormais armés. Il ne leur manque que de la poudre à canon et des balles. Le bruit court qu’il y en a au "Château de la Bastille".
- Une première délégation de l'Assemblée des électeurs de Paris se rend à la Bastille. Pressés par la foule des émeutiers, notamment ceux du proche faubourg populaire de Saint-Antoine où l'affaire Réveillon a été un épisode marquant de la pré-révolution, les électeurs envoient une délégation au gouverneur de la Bastille, Bernard-René Jordan de Launay. Cette délégation est reçue avec amabilité, elle est même invitée à déjeuner, mais repart sans avoir eu gain de cause.
- À 11 h 30, une deuxième délégation sur l'initiative de Thuriot se rend au fort de la Bastille. Le gouverneur s'engage à ne pas prendre l'initiative des tirs. La foule des émeutiers armée des fusils pris aux Invalides se rassemble devant la Bastille. Elle amène avec elle cinq des canons pris la veille aux Invalides et au Garde-Meubles (dont deux canons de parade damasquinés d’argent offerts un siècle auparavant par le roi de Siam à Louis XIV !). Une explosion, prise à tort par les émeutiers comme une canonnade ordonnée par le gouverneur, déclenche les premiers assauts. Des émeutiers pénètrent dans l'enceinte par le toit du corps de garde et attaquent à coups de hache les chaînes du pont-levis.
- À 13 h 30, les quatre-vingt-deux invalides défenseurs de la Bastille et trente-deux soldats suisses détachés du régiment de Salis-Samade ouvrent le feu sur les émeutiers qui continuent leurs assauts sur la forteresse, faisant une centaine de tués. Durant trois heures et demie, la Bastille est alors soumise à un siège régulier.
- À 14 h, entre temps, une troisième délégation se rend à la Bastille dans laquelle se trouve l’abbé Claude Fauchet, suivie à 15 h d'une quatrième. Cette dernière délégation, voulue dans les formes par le comité permanent de l'hôtel de ville, affublée d'un tambour et d'un drapeau pour afficher son caractère officiel, se présente devant le marquis de Launay mais n’obtient toujours rien. Pire, les parlementaires reçoivent une décharge de mousqueterie qui touche la foule. Les soldats de la garnison de la Bastille et les assiégeants échangent des tirs.
- À 15 h 30, un détachement de soixante-et-un garde-françaises composé en grande partie des grenadiers de Reffuveilles et des fusiliers de la compagnie de Lubersac, et commandé par le sergent-major Wargnieret le sergent Antoine Labartheaccompagnés de quelques autres se présentent au milieu d'une vive fusillade devant la Bastille. Ces soldats expérimentés arrivent dans la cour de l'Orme, traînant à bras cinq pièces de canon et un mortier. Ils sont mis en batterie et dirigés sur les embrasures du fort, dont ils éloignent les canonniers et les tirailleurs. Les deux autres pièces sont braquées sur la porte qui faisait communiquer la cour intérieure avec le jardin de l'Arsenal, et cette porte cède bientôt sous leurs coups. Aussitôt la foule se précipite pour pénétrer dans la Bastille; mais les Gardes Françaises, conservant tout leur sang-froid au milieu du tumulte, forment une barrière au-delà du pont et par cet acte de prudence sauvent la vie à des milliers de personnes qui se seraient précipitées dans le fossé.
- De Launay, isolé avec sa garnison, constatant que malgré l'ampleur de leurs pertes les assaillants ne renoncent pas, négocie l'ouverture des portes sur promesse des assiégeants qu’aucune exécution n’aura lieu après la reddition. Les émeutiers, parmi lesquels on dénombre une centaine de tués et soixante-treize blessés envahissent la forteresse, s’emparent de la poudre et des balles, puis libèrent les sept captifs qui y étaient emprisonnés.
La garnison de la Bastille, prisonnière, est conduite à l’hôtel de ville pour être jugée.
En chemin, de Launay est roué de coups, massacré à coups de sabre, décapité au couteau par l'aide-cuisinier Desnot et sa tête mise au bout d'une pique. Les têtes de de Launay et de Jacques de Flesselles, prévôt des marchands de Paris sont promenées au bout d’une pique dans les rues de la capitale jusqu’au Palais-Royal. Plusieurs des invalides trouvent aussi la mort pendant le trajet. De Flesselles est assassiné sur l’accusation de traîtrise.
La suite de la prise de la Bastille
- Outre les prisonniers, la forteresse hébergeait les archives du lieutenant de police de Paris.
A la suite de la prise de la Bastille, elles sont soumises à un pillage systématique. Les Gardes-Françaises les dispersent en partie dans les fossés de la forteresse. Dès le 15 juillet, les autorités municipales tentent de les récupérer. En 1798, celles récupérées sont conservées à la Bibliothèque de l'Arsenal et cataloguées depuis le 19e siècle (60 000 dossiers comprenant 600 000 feuillets, essentiellement des lettres de cachet, interrogatoires, suppliques au roi, correspondances de l'embastillé). - Les prisonniers au jour de la prise de la Bastille.
Ils étaient au nombre de sept. Les quatre faux monnayeurs Jean Lacorrège, Jean Béchade, Jean-Antoine Pujade, Bernard Larroche disparurent définitivement dans la foule. Auguste-Claude Tavernier (tentative d'assassiner Louis XV et qui était enfermé depuis le 4 août 1759, soit depuis 30 ans) et le comte Jacques-François Xavier de Whyte de Malleville, atteint de folie et enfermé à la demande de sa famille, furent re-incarcérés le lendemain. Le comte de Solages emprisonné depuis 1784 à la demande de son père pour des "actes monstrueux", regagna son pays près d'Albi où il mourut vers 1825. - La démolition de la Bastille
Elle commença à partir du 15 juillet sous la direction de l'entrepreneur privé Pierre-François Palloy. Celui-ci monta un commerce annexe en transformant les chaînes de la Bastille en médailles patriotiques et en vendant des bagues serties d'une pierre de l'ancienne forteresse.
Palloy fit faire également des maquettes de l'édifice envoyées dans tous les chefs-lieux des départements français. On peut y ajouter la transformation en objets de piété et de culte, de tout ce qu’il put récupérer sur les boiseries et les ferronneries de la vieille forteresse.
Mais la plus grande part des pierres récupérées ont servi à construire le Pont de la Concorde. - Le marquis de La Fayette envoya une des clés de la Bastille à George Washington, l’une des grandes figures de la Révolution américaine et premier président des États-Unis. Elle est aujourd’hui exposée à la résidence de Mount Vernon, transformée en musée.
- Une autre des clés fut envoyée à Gournay-en-Bray, lieu de naissance, du premier révolutionnaire à être entré dans la Bastille, Stanislas-Marie Maillard. Cette dernière clé a depuis disparu.
- C'est à la fonderie de Romilly, dans l'Eure, qu'ont été conservées jusqu'à sa fermeture récente l'horloge et les cloches de la forteresse. Le carillon quant à lui se trouve actuellement au Musée européen d'art campanaire, à L'Isle-Jourdain (Gers).
- La mode "à la Bastille"
La disparition de la Bastille n'empêcha pas son mythe de renaître dès la Révolution sous la forme d'une mode "à la Bastille" (bonnet, souliers, éventails)
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